Ronald Blaes est né à Bruxelles (Belgique) le 28 novembre 1954. Après avoir fréquenté les cours de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, il quitte son pays natal en 1976 et s’installe dans le sud de la France où il ne cessera de s’adonner aux péripéties enivrantes de l’art de peindre.
Son œuvre oscillant entre les mouvements divers de la peinture expressionniste et les incursions débridées vers une expression plus informelle où il tente d’explorer les mélancolies rageuses qui le hante.
Depuis les années 1990, Ronald Blaes a effectué de très nombreux voyages, en Italie comme en Suisse, pèlerinant sur les chemins empruntés par Rainer Maria Rilke et Friedrich Nietzsche, poète et philosophe qui inspirent eux aussi son œuvre généreusement mouvementée. Qu’il s’agisse encore d’Antonin Artaud ou d’autres auteurs plus confidentiels, son œuvre accompagne volontiers cette mouvance où les questionnements les plus affolants tentent de séduire les berges de l’infini.
Ronald Blaes a collaboré comme auteur à plusieurs revues, journaux, livres, illustré des recueils de poésie, créé des affiches.
La première exposition a eu lieu à Bruxelles en 1972, il y eut depuis de nombreuses expositions, tant individuelles qu’en groupe, notamment au Salon d’Automne au Grand Palais à Paris en 1987, ou encore à Lyon en compagnie entre autres peintres, tels Bazaine, Debré, Music, Le Moal, Buffet, Shedlin, des rétrospectives en compagnie de Manessier, Signac, Max Ernst, André Lhote, parmi les ainés.
En 1991, une rétrospective de ses œuvres fut accueillie au Château de Voguë (Ardèche), plus de 150 œuvres exposées, ainsi que des dessins, textes et sculptures…
Beaucoup de ses œuvres sont exposées dans des collections particulières en Allemagne, Belgique, Espagne, Grande-Bretagne, France, Italie, Suisse, États-Unis, Pays-Bas, Irlande et Autriche…
Maurice Boulle, historien et conférencier
Extrait d’un courriel à E.
[…] J’éprouve un certain malaise à m’évoquer moi-même, disparaître en soi est mon abîme le plus précieux, […] je n’éprouve aucun plaisir à cultiver le paradoxe […] je te dirais que mon enfance fut heureuse dans l’appartement que mes parents louaient au coeur de Bruxelles, et que malgré les conditions modestes qui étaient les nôtres, j’ai, très jeune adolescent, eu accès grâce à la générosité et la belle tolérance de mes parents, aux encyclopédies, aux livres en général, à la musique (qui devint prépondérante dans le cheminement de ma passion pour les arts, les beaux arts); la fréquentation des musées, les conférences, le musée du cinéma, la merveilleuse bibliothèque de l’Albertine tout cela au coeur de Bruxelles, n’aura pas été étranger à mon goût du meilleur dans le monde du « créatif », la toute proximité de Paris fut de mes premiers « pèlerinages » dès l’âge de quinze ans. J’ai commencé à peindre dès l’âge de 14-15 ans, d’une manière « sérieuse » en ce sens où j’étudiais les diverses techniques, préparais les supports entoilés, quand je lisais la « bible » de « la technique de la peinture à l’huile » de Xavier de Langlais… Les encyclopédies, les livres d’art, qui me racontaient sans fin les divers mouvements de cette « discipline » si complexe qu’est l’art de peindre. J’ai suivi, ensuite, après les études classiques dans un athénée bruxellois, les cours de dessin et de peinture, d’histoire de l’art, à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, je me suis ensuite « exilé » en Ardèche, département que j’avais visité lors de vacances estivales, afin de m’y installer plus à l’étroit, mais plus au calme que dans le bouillonnement de ma capitale européenne, c’était en 1976, j’ai dès lors fait « tous » les petits métiers, m’aidant à survivre, me permettant d’exercer ma passion, ce qui dans le genre est d’une affligeante banalité, péripéties connues depuis toujours… J’aurai durant ces longues années exposé dans tout ce qui se compte comme salons et salles d’expositions, y compris dans les départements limitrophes, seul, ou en groupe, dans quelques galeries à Lyon, d’autres lieux plus confidentiels, puis au salon d’automne au Grand Palais à Paris, illustré l’un ou l’autre recueil de poésie, illustré pour une exposition itinérante dans une grande partie du territoire, « les Fables de La Fontaine » avec l’édition d’un livre consacré au fabuliste, exposé plus de 150 tableaux lors d’une retrospective, c’était au château de Vogüe, une autre exposition en compagnie des dessinateurs de bandes dessinées de l’Association (avant-gardistes du genre), une autre exposition en compagnie de Debré, Bazaine, Music, le Moal. Je quitterai l’Ardèche en 2004 pour une errance qui me fit traverser la Suisse à plusieurs reprises, la France, l’Italie, pèlerinant sur les chemins empruntés par Rainer Maria Rilke, Friedrich Nietzsche, parti d’Eze dans les Alpes Maritimes, jusqu’à Portofino, récitant Rilke à Rarogne dans le Valais, Nietzsche dans la Haute Engadine, longs « pèlerinages » recommencés par deux fois, durant ces années d’instabilité, d’errance, tout au long de cette Riviera italienne, la côte Ligure jusqu’à Rapallo, la remontée par le Tessin, jusqu’aux sommets des Grisons, Silvaplana, Sils-Maria, les hauteurs enneigées où le romantisme germano-latin fait son oeuvre; je retrouvais là tout ce que le précieux des livres, des auteurs avait pu tant me raconter de la naissance du Baroque jusqu’au Romantisme exulté, ces deux « tronçons » de l’existence qui m’auront guidé jusque là où me voilà aujourd’hui, je n’ai jamais pu me dissocier de cet axe tendu entre le Baroque et le Romantisme, c’est sur ce câble que je marche S.D.F entre ces siècles, cheminant la perche en équilibre afin de ne pas tomber dans les grands vides imbéciles de l’histoire, ainsi, s’il fallait évoquer quelques influences sûres et certaines sur mon goût de « créer » de « fabriquer », peindre, dire, écrire, respirer enfin, oui, les Baroques, Mozart, Bach, Vivaldi, Haëndel, Couperin, Rameau, Le Caravage, Shakespeare, tout en vrac, jusqu’aux Romantiques, Beethoven, Wagner, Malher, Verdi, Brahms, Blake, Turner, Friedrich, Goya, Delacroix, Géricault, Châteaubriand, Flaubert, Hugo, Baudelaire, Dostoievsky, je n’en finirais plus de citer ceux qui m’auront enseigné « les plus beaux séjours de mon angoisse » (titre d’une affiche d’exposition, où je présentais des portraits d’ Artaud, de Char, de Jean Rostand, de Baudelaire, Malher, Don Quichotte, Dostoievsky, entre autres…) J’aurais pu retrousser l’Histoire de toutes mes préférences commençant par « ceux » de la Renaissance qui m’aveuglent d’émotion, Memling, Bosch, Véronèse, de Vinci, Dürer, Ucello… Ces « moments de la vie » me touchent infiniment, il en résulte, et je ne puis l’expliquer, tout ce que je fais maintenant, mes tableaux ayant été essorés par les courants divers et plus récents qui sont ceux de l’expressionnisme, de l’art brut, du mouvement COBRA, de l’abstraction lyrique, un peu de la figuration libre, mais il suffit d’évoquer la liberté pour s’emprisonner aussitôt…Un peintre pompier qui a pris feu, voilà comment « je me définissais » jadis… Pour [parler] de ce que je peins (je ne l’ai jamais fait de la sorte), je pourrais te dire que je suis dans l’aveu d’une peinture expressionniste, qui dévisse parfois sur les contreforts d’un lyrisme informel, c’est ce monde là, souvent grotesque que j’essaie de faire « danser » sur la musique que j’aime tant, baroque, romantique, ce qui touche le plus près aux mouvements lents dans la solitude des paradis, des enfers, mais une certaine brutalité apparente n’est pas le fait du hasard. J’aurais pu longuement te parler D’Hölderlin, de von Kleist, d’Artaud, de Baudelaire, de Proust, de Châteaubriand, toutes mes préférences qui m’auront tant « guidé ». Je ne suis pas sûr d’avoir répondu à toutes tes questions, mais je suis si mal placé pour « raconter » ma vie, je n’ai pas cette autonomie qui « sous-marinerait » en moi, je mets une distance infinie entre ma vie, ma mort, je n’ai jamais imaginé l’étroit que dans l’amour de l’autre, je crois en Deux.
Je t’embrasse bien fort […].
Affectueusement. Ronald.