Poèmes

Sans titre, texte hors série

Comme le miel certains mots

sont des reines au palais


D’où je subsiste

la terre est comme une eau

j’ignore encore de quoi mon île est faite


La reconversion cahote

dans les forêts pavées


Les parterres les plus forts

sont ce passé couché

qu’on ne remarche plus

territoires endormis

aux amours tuméfiées

que la pudeur isole


Comme un jeu de miroirs

la clarté réfléchit

dans la coquille de l’œil


Le feu réfléchit en sa braise


Promenades étourdies

où nous butions sur tout

notre aimer se couvrait

de nos rires éclatés

les soirs nous étaient bleus

nos yeux pour des pinceaux

éclaboussaient le monde


Sans titre, texte hors série

Sans titre, texte hors série

Soupirante et tranquille

va s’effacer l’extase

laissant au morne gris

le droit de nous citer


Je reviens de ce mal

qui récure l’impatience


Sans titre, texte hors série

Toute l’agilité dans ta décomposante

les rendez-vous de la souplesse


Sans titre, texte hors série

Du revers de la main

se caresse le futur


Que ne sommes-nous ce lit

où les chaleurs se font

grand silence habité

des lents mouvements paisibles

Sans titre, texte hors série

Sans titre, texte hors série

Il y a le repli sur soie qui apaise


Patient

l’enthousiasme enfoui

aux tréfonds des eaux calmes


Sans titre, texte hors série

Sur la vitre s’étoile l’éclat de ta part, brise
Les mondes inouïs aux masques sur les lèvres
Les baisers étouffés où sept fois s’enlisent
Les mots d’amour d’aimer la langue sur les fièvres

S’époumoner encore à crier en dedans
Les luttes intestines dans le puits des ulcères
Le cœur à l’arraché hors des confinements
L’espoir une lueur une aile d’éphémère

Le crime est une odeur qui flotte en son parfum
Et les murs sont dressés les gestes sont barrières
Et d’épaules en épaules se distancent les uns
Des autres à la suite et demain plus qu’hier

Aux fenêtres béantes paraissent les reclus
Théâtre d’ombres et folles figurines
Chorales inopinées et mises à nu
Les maillons enchaînés au piano des cuisines

Le silence est griffé quand pépient les oiseaux
Et l’art de la voltige légère sans kérosène
Arabesques et looping grand huit dans le haut
Le syrinx l’alarme sonne la prétentaine

Les hallebardes tombent dans l’éclair des orages
La vie demeure ici qui flotte naufragée
Aux larmes citoyens, citoyennes en rage
Et la marée, la vie, la mort, toujours recommencées.