
Comme le miel certains mots
sont des reines au palais
D’où je subsiste
la terre est comme une eau
j’ignore encore de quoi mon île est faite
La reconversion cahote
dans les forêts pavées
Les parterres les plus forts
sont ce passé couché
qu’on ne remarche plus
territoires endormis
aux amours tuméfiées
que la pudeur isole
Comme un jeu de miroirs
la clarté réfléchit
dans la coquille de l’œil
Le feu réfléchit en sa braise
Promenades étourdies
où nous butions sur tout
notre aimer se couvrait
de nos rires éclatés
les soirs nous étaient bleus
nos yeux pour des pinceaux
éclaboussaient le monde


Soupirante et tranquille
va s’effacer l’extase
laissant au morne gris
le droit de nous citer
Je reviens de ce mal
qui récure l’impatience

Toute l’agilité dans ta décomposante
les rendez-vous de la souplesse

Du revers de la main
se caresse le futur
Que ne sommes-nous ce lit
où les chaleurs se font
grand silence habité
des lents mouvements paisibles


Il y a le repli sur soie qui apaise
Patient
l’enthousiasme enfoui
aux tréfonds des eaux calmes

Sur la vitre s’étoile l’éclat de ta part, brise
Les mondes inouïs aux masques sur les lèvres
Les baisers étouffés où sept fois s’enlisent
Les mots d’amour d’aimer la langue sur les fièvres
S’époumoner encore à crier en dedans
Les luttes intestines dans le puits des ulcères
Le cœur à l’arraché hors des confinements
L’espoir une lueur une aile d’éphémère
Le crime est une odeur qui flotte en son parfum
Et les murs sont dressés les gestes sont barrières
Et d’épaules en épaules se distancent les uns
Des autres à la suite et demain plus qu’hier
Aux fenêtres béantes paraissent les reclus
Théâtre d’ombres et folles figurines
Chorales inopinées et mises à nu
Les maillons enchaînés au piano des cuisines
Le silence est griffé quand pépient les oiseaux
Et l’art de la voltige légère sans kérosène
Arabesques et looping grand huit dans le haut
Le syrinx l’alarme sonne la prétentaine
Les hallebardes tombent dans l’éclair des orages
La vie demeure ici qui flotte naufragée
Aux larmes citoyens, citoyennes en rage
Et la marée, la vie, la mort, toujours recommencées.