Dans l’air pressurisé les murs-étaux se serrent, et flotte le hublot qui le regarde, tout un univers dans une gangue, une coque, un plâtre de cassure, une botte de gypse, ils sont celles et ceux qui épluchent leurs jours de la « confine », la solitude entonne les monologues, les paroles seules qui s’accrochent aux plafonds, les briquets cliquent les cigarettes aux tabacs phosphorescents, les verres tintent le cristal de Venise où le loup solitaire masque le carnaval d’un monde qui ne fut plus accroché qu’à son insupportable éternité, les sottes et les sots se lavent d’huiles essentielles, et la graisse dans son étirement lent fait aux mécanismes la sensualité des mouvements, les écarts de langage s’amusent des phonétiques qui se « liaisonnaient » heureuses, dès lors la « distanciation sociale » se prononce difficilement, et « coronanoronanora virus… » se dit autrement depuis peu, c’est tant mieux; tout un monde se débrouille avec ce qui lui reste à user, la vie probablement, cet instrument de musique à la seule corde pincée, l’ordinaire entre les murs trouve l’aisance du reclus, la beauté de la solitude et l’empire de l’imaginé, on se gratte l’absolu que l’on a trouvé par inadvertance dans le creux de l’aisselle seule où se cachait l’ennui dans le pli, et si deux autres doigts de la main épongent ce que le front sue, c’est encore le corps, le cœur, qui cherchent les issues, si tu sues je te suis, et la vie s’ouvre aux promenades, aux oiseaux qui symphonisent les nouveaux silences d’un chant choral plus révélateur peut-être, les conclusions sur ce que nous devenons se bousculent entre elles à la merci des empressements, de la disgrâce d’une humanité qui se souvient enfin de la soudaineté de son inéluctable disparition; les intubés, les ventilés se narinent aux respirateurs artificiels, les paradis comateux sont partout, le sourire charmant de ton réveil, et l’odeur du café qui dans le matin gris, fume; non merci, pas de sucre, sinon celui de tes lèvres douces sur ma mort.